Esperance de vie et transhumanisme
Les graphiques sont en fin de l'article pour des contingences techniques
Espérance de vie.
Depuis le début du 20ème siècle, l’espérance de vie a augmenté, dans un grand nombre de pays, d’une façon considérable.
Cette observation est exacte mais l’interprétation qui en est faite est confuse et induit fréquemment une représentation erronée.
Beaucoup de personnes pensent que cette augmentation reflète un allongement de la vie dans l’espèce humaine, mais il n’en est rien.
L’espérance de vie est une mesure statistique qui exprime l’âge moyen au décès, c.à.d. la moyenne des durée de vie des personnes d’une population précise, dans une période définie.
En analysant ces relevés statistiques, on s’aperçoit que le principal facteur de l’augmentation de l’espérance de vie est la diminution de la mortalité infantile.
L’augmentation de l’espérance de vie ne signifie donc pas l’allongement de la durée de vie des humains mais indique la baisse de la mortalité infantile et l’augmentation du nombre de personnes qui peuvent arriver à des âges élevés.
La mauvaise interprétation de cette expression est à l’origine d’une profusion de termes qui causent une certaine confusion. On rencontre les expressions suivantes : Espérance de vie à la naissance, - Espérance de vie par catégories : - par sexe, -par âge - Espérance de vie en bonne santé, - Espérance de Vie Sans Incapacité , EVSI,…
L’expression « Allongement de l’espérance de vie » entretien l’idée fausse que la vie s’allonge.
Cette confusion vient du fait que dans le langage courant, l’espérance est synonyme d’espoir. L’espérance de vie est alors vue comme l’espoir de l’augmentation du nombre d’années restant à vivre.
Mais en mathématiques, l’espérance est simplement l’autre nom donné à la « moyenne » : l’espérance mathématique d’une variable aléatoire est la moyenne des valeurs possibles prises par la variable, pondérées par leurs probabilités (Académie française)
C’est dans ce sens qu’il faut comprendre le marqueur « espérance de vie ». Le niveau de ce paramètre qui représente la moyenne des âges au décès, informe sur l’état sanitaire et la qualité des soins médicaux de la population étudiée.
Cela permet un suivi dans le temps : Espérance de vie, à différentes époques :
Pour 1900 : en France, espérance de vie : 45 ans
pour 2023 : en France espérance de vie : 83,35 an
et des comparaisons géographiques : Espérance de vie dans différents pays :
2023 Japon : 87 ans
2023 France : 83,35 an
2023 Tchad : 53,68 ans
2023 Population mondiale : 71 ans
Les informations apportées par la mesure de l’indicateur « espérance de vie » ont des limites.
- Cette mesure a une portée collective, sociale, et ne peut pas s’appliquer à un individu.
- Le niveau de l’espérance de vie est connu à postériori, après la mort de la dernière personne décédée dans la population suivie pendant la période étudiée, et n’a donc aucune valeur prédictive. Cela ne peut pas être une projection dans l’avenir.
Sur un graphique, la courbe représentative de l’augmentation importante de l’espérance de vie depuis le début du XXème siècle, suit une pente ascendante.
Mais on constate depuis 2015, que la diminution de l’espérance de vie peut arriver. Sur la représentation graphique on verra, après la cassure de 2015, une tendance à l’horizontalisation de la courbe qui traduit une stagnation de l’espérance de vie.
Les médias s’affolent. Dans Le Monde du 19 / 01 / 2016 on peut lire : « Diminution de l’espérance de vie ! », « Bilan démographique 2015 : un recul de l’espérance de vie inédit» La nouvelle est publiée dans beaucoup de journaux, avec des commentaires alarmants… et infondés. Non seulement l’espérance de vie n’augmente plus en occident mais elle peut diminuer. Il y a donc une limite !
Une autre représentation graphique sous forme de pyramide illustre la répartition par âge de la population, en séparant hommes et femmes.
la pyramide des âges représente le nombre de personnes par âge au 19ème siècle. On voit qu’il y a des décès à tous les âges. S’il y a peu de personnes qui arrivent au sommet c.à.d. aux environs de 100 ans, il y en a tout de même.
-La pyramide des âges actuelle montre une composition différente de la société :
On constate un nombre de personnes en âge mûr supérieur au nombre des naissances et un sommet qui n’est pas tellement plus élevé qu’au 19ème siècle. L’augmentation porte surtout sur les personnes de cinquante ans et plus. Le nombre de centenaires est un peu plus important mais n’est pas majoritaire.
Il est clair que l’augmentation de l’espérance de vie ne peut pas continuer indéfiniment. Le chiffre restera toujours inférieur à celui de la longévité potentielle des humains car on n’arrivera pas à supprimer la totalité des décès prématurés par maladie, pandémie, accident, terrorisme, guerre suicide.
-La longévité.
Définition : C’est la longueur de la durée de la vie d’une personne. Cela ne peut être connu qu’après le décès de la personne.
-Longévité maximale : la durée de vie la plus élevée constatée. (record de Jeanne Calment 122ans)
-Longévité moyenne c’est la moyenne des longévités, cela correspond à l'espérance de vie.
- Longévité potentielle : c’est la durée de vie pour laquelle l’organisme est programmé. On peut aussi l’appeler le capital de vie à la naissance.
- Longévité d’espèce : spécifique à chaque espèce animale.
Est définie par l’âge au décès, le plus fréquent dans l’espèce.
- chats : 18-20 ans , - chiens : 13 -18 ans
- chevaux : 35 ans - éléphants : 120 ans
- souris : 3-5 ans - tortues : 200 ans
- espèce humaine : 90-95 ans
- La longévité individuelle. Le déterminisme chromosomique est complexe car il existe une interférence entre le programme génétique propre de la personne et le programme génétique d’espèce. L’information génétique qui résulte de ce mixage est une sorte d’obsolescence programmée qui détermine la longévité individuelle potentielle.
Il existe une large gamme de longévités individuelles différentes, suivant une loi de biodiversité génétique.
Les âges de décès les plus fréquents sont compris entre 85 et 95 ans, mais il existe des écarts :
-Les super centenaires morts de vieillesse après 100 ans existent mais ils ne sont pas nombreux et leur nombre diminue avec l’augmentation en âge.
- A l’opposé, il existe une maladie génétique appelée Progéria (syndrome de Hutchinson-Gilford) heureusement très rare (3 cas en France), qui provoque un vieillissement accéléré et un décès prématuré. Les personnes qui en sont atteintes ont vers l’âge de 18 ans, l’aspect d’un vieillard. La mort survient alors, causée par les modifications du corps comme l’artériosclérose.
L’âge modal au décès : C’est l’âge auquel survient le plus grand nombre de décès dans la répartition des décès par âge, illustrée par une courbe de Gauss.
Ce graphique montre la diversité des longévités allant de l’âge bas des maladies génétiques, aux supercentenaires dépassant les cent ans. Il y a sur cette courbe une zone dans laquelle on voit les longévités les plus fréquemment rencontrées 8595.
- La longévité potentielle, qui fait partie du programme génétique porté par les chromosomes, ne peut être atteinte que si les facteurs extérieurs appelés facteurs épigénétiques n’ont pas un effet délétère.
Les facteurs épigénétiques environnementaux : Ils sont nombreux et leur action sur le génome peut être positif ou négatif. On distingue :
-Les Facteurs temporaux-spatiaux : selon l’époque et le lieu de vie.
-Les accidents, les violences physiques
-Les agressions biologiques : virale, bactérienne, fungique, parasitaire
-Les maladies endogènes : cancers, maladies immunitaires, métaboliques
-Les pollution : chimiques (exposition à des toxiques), physiques (radiations)
-Les facteurs alimentaires : se méfier des nombreux « régimes » proposés. La meilleure façon de s’alimenter correctement est de disposer de la plus grande variété possible d’aliments et de contrôler les quantités.
-Le microbiome intestinal, il s’agit de la composition de la « flore » intestinale. Les milliards de micro-organismes qui séjournent dans le colon jouent un rôle métabolique très important en fabriquant des protéines c’est-à-dire des médiateurs qui interviennent chimiquement dans le fonctionnement des différents organes, notamment le cerveau.
Les facteurs épigénétiques existentiels jouent aussi un rôle.
- Traditions ou habitudes, convenables ou insensées,
-Travail, exposition à des risques. (poussière de charbon, amiante …)
-Contexte relationnel, rapports sociaux.
-Moral : envie de vivre, élan vital, capacité de résilience++
- Optimisme,… rôle social, raison d’être, raison de vivre.
Les causes de décès. Les plus fréquentes sont :
Cancer
Maladies cardiovasculaires
Maladies neurodégénératives
Maladies infectieuses
Accidents ; Terrorisme ; violence ; suicide
Mourir de vieillesse.
La vieillesse n’est pas une cause de décès, c’est seulement un facteur de risque.
La mort d’une personne âgée, dépend toujours d’une cause pathologique ou accidentelle.
Les modifications du corps à un âge élevé entrainent la perte des réserves fonctionnelles et rendent la personne vulnérable, fragile par :
-la diminution des capacités d’adaptation
-et la diminution des moyens de défense,
qui empêchent le corps de combattre efficacement les maladies.
Le Transhumanisme
Définitions (Jean Coutrot 1937) :
Mouvement de pensée qui permet d’envisager, par transgression, l'usage des sciences et des techniques pour obtenir :
-l’augmentation des capacités physiques et mentales des êtres humains,
-la suppression du vieillissement et des limites biologiques
- le recul voire l’abolition de la mort.
Historique : l’idée du transhumanisme n’est pas nouvelle.
Dans l’antiquité : Gilgamesh 17 -ème siècle avant J.C.se lance dans la quête de l’immortalité.
La Mythologie grecque, et latine relate la coexistence des humains avec les divinités immortelles et la possibilité d’accéder au royaume des dieux.
19–ème siècle :
-D’après DARWIN, l’espèce humaine n’est pas arrivée au stade ultime de son développement. Une évolution est donc possible.
-La maitrise de la matière se fait au millimètre près et apporte certains progrès en chimie et en physique.
20 -ème siècle : Les progrès continuent grâce à la maitrise de la matière au micromètre près.
21-ème siècle : La maitrise au niveau moléculaire fait espérer des progrès considérables aboutissant au contrôle de la vie.
Les scientifiques disposent de moyens modernes :
*La médecine génomique est une branche de la médecine qui utilise la génétique, notamment le séquençage du génome humain pour rechercher les mutations associées à des maladies, et les corriger.
*La médecine de réparation utilise les biotechnologies pour corriger un déficit, voire remplacer un organe. (prothèses, exosquelettes, pace maker… greffe …).
-Laurent Alexandre médecin biologiste, s’engage à fond dans la promotion du transhumanisme.
* Il constate une demande sociale de retarder le vieillissement et la mort.
* Pour lui, la mort n’est pas une fatalité.
* Il annonce le doublement de l’espérance de vie au cours du XXI -ème siècle.
* Les progrès de la génétique vont produire des génomes artificiels plus performants que ce que propose la nature.
* La médecine de régénération remplacera la médecine de réparation et produira l’homme augmenté, un surhomme.
* Les transgressions permettront : -DPI (Diagnostic pré-implantatoire); -eugénisme; -clonage ; - bébé médicament.
* Pour lui, la démocratisation qui mettra le séquençage de l’ADN au prix d’un jean, permettra couramment la réécriture des gènes.
* Il faut anticiper le recul de la mort et les conséquences démographiques car l’état providence ne pourra pas financer des techniques onéreuses pour tous.
* le mouvement transhumaniste s’est construit par opposition à l’idéologie de la résignation face à la nature et à la mort.
* S’opposer au transhumanisme, c’est légitimer les inégalités biologiques.
* La fixation de limites à la progression du transhumanisme, est une réponse vouée à l’échec, une stratégie aussi inefficace que la construction de la ligne Maginot.
Pour le biologiste Radman Miroslav : Le clonage serait réalisable à court terme, et le clonage reproductif serait possible pour obtenir un enfant parfait (… ?).
Améliorer le génome pour laisser une vie meilleure à nos enfants est un objectif.
Jacques Testart, médecin biologiste, initiateur de la fécondation in vitro, introduit une réflexion critique sur les avancées incontrôlées de la science et de la technique.
-Il admet l’Homme réparé pour la compensation de faiblesse ou perte de fonction d’un organe mais il refuse l’homme augmenté.
- Pour lui, les seules interventions admises sur le génome sont : préventives, -diagnostiques, ou -thérapeutiques.
-les actions par les télomérases sur la longévité des gènes, sont à proscrire car elles aboutissent à créer des cellules cancéreuses, qui se reproduisent indéfiniment…
-En 1997 la France a signé la convention d’Oviedo qui interdit de pratiquer des modifications génomiques transmissibles à la descendance.
-Le puçage des humains est davantage une mode qu’une utilité. -Le chargement du cerveau sur un ordinateur est irréalisable.
-Le déménagement cosmique n’est pas actuel
Michel Serres , philosophe, fait part de ses réflexions :
Le transhumanisme croit que la recherche du toujours plus aboutira au mieux,
-Le transhumanisme croit que l’homme augmenté sera un surhomme, mais c’est le contraire qui arrive car pour bénéficier des nouvelles biotechnologies, il est déprogrammé et donc diminué.
-Le transhumanisme est une croyance erronée,
-On n’en parlerait pas s’il n’y avait pas des millions d’euros en jeu.
-Il y a une différence entre la science qui prouve mais coûte, et la croyance qui ne prouve rien et qui rapporte…
Conclusions :
La mort fait partie de la vie, elle est incontournable, et difficilement prévisible.
-La vie est un combat permanent contre la loi cosmique de l’entropie.
Les longévités les plus fréquentes sont entre 85 et 95 ans.
Il existe des records qui vont au-delà des 100 ans, mais ils sont de moins en moins nombreux à mesure que les âges s’élèvent.
Il existe malheureusement aussi des longévités brèves.
-Gagner des années supplémentaires par action sur les chromosomes est impossible.
- Quel usage ferions-nous des années supplémentaires ?
-La cryogénisation est une illusion absurde.
-Dans la société, il faut s’attendre à des affrontements entre les bio conservateurs et les transhumanistes.
-De quelle manière les hommes sauront ou non mettre à leur propre service l’évolution technologique.
-Le transhumanisme est une théorie inhumaine qui s’appuie sur une fiction qu’il nourrit et propage !
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