Route du sel et de l'art sacré dans l'ancien comté de Nice - 4

Tout d'abord, nous tenons à remercier le romancier Christian MARIA membre du Cercle Bréa qui a eu la gentillesse de me fournir le diaporama de cette conférence en puisant dans ses archives iconographiques.

Cet article fait suite aux parties 1, 2 et 3 publiées précédemment.

I- LA MISE EN PLACE D’UN RÉSEAU ROUTIER SOMMAIRE SUD-NORD

B) LA ROUTE PAGARINE : DIRECTION CONI PAR LE COL DE FENESTRE (variante)

Un autre itinéraire passait par Saint André de la roche, puis Levens pour rejoindre Lantosque.

L’origine du nom a deux possibilités : vient-elle du verbe en langue d’oc « pagà » qui signifie « payer » ? Route Pagarine voudrait dire « route à péage » (tiens déjà!), allusion aux taxes perçues ; mais la gabelle était un impôt qui se percevait partout et dans ce cas il devrait y avoir d’autres routes « pagarine ».

Une autre hypothèse, qui est généralement admise, serait la déformation de « Paganin », nom d’un fermier de la gabelle du Duc de Savoie qui a proposé en 1433 au Duc Amédée VIII le tracé de la route du sel de Levens à Lantosque par Duranus, qui permettait de gagner une journée de transport par rapport au tronçon D19passant par L’Escarène, Lucéram et le col de Porte : mais Paganin eut le droit de percevoir un péage sur ce tronçon (c’est déjà le principe de la privatisation des autoroutes…).

Il est probable que Paganin ait tenté d’aménager un autre tronçon de cette route du sel en la détournant par la vallée de la Gordolasque qui conserve dans sa toponymie des « pas de Pagari », mais la nature n’a pas laissé de traces probantes.

Autre avantage de cette route : on a pu augmenter la charge des bêtes et donc elle devenait plus rentable. Il est à noter que le pauvre Paganin, dépassé par les sommes englouties dans l’amélioration des routes que lui avait concédé le Duc et dans l’impossibilité de rétrocéder à celui-ci les sommes dues au trésor ducal sera ruiné et emprisonné.

Le terme de route n’est cependant pas approprié : il s’agissait de tronçons parfois grossièrement pavés et d’une largeur dépassant rarement un mètre, permettant le passage des mulets avec leurs charges. Des projets d’amélioration, des recherches de tronçons plus faciles, ou de diminution des distances sont étudiées par l’administration ducale et des ingénieurs jusqu’au premier tiers du XVIIIe siècle.

Cependant cette route Pagarine ne sera jamais carrossable, les ducs de Savoie (devenus à partir de 1720 rois de Piémont-Sardaigne) lui préférant un autre tracé, d’où le nom de Route Royale qui qualifiera plus tard ce dernier : il s’agit de la route qui, par Sospel, franchit les Alpes au col de Tende.